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SOS MARNIERES

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On estime le nombre de marnières en Seine Maritime à 80.000 et dans l’Eure à 60.000.

Qu’est ce qu’une MARNIERE ?

A l’origine
A la fin du 19eme siècle, les baux ruraux obligeaient les agriculteurs à marner leur terrain, la marne étant un engrais naturel que l’on trouvait en abondance dans le sous-sol normand.

En 1853, un préfet eut la bonne idée de taxer ses prélèvements et obligea les créateurs de marnières à les déclarer. Certains les ont déclarées, d’autres non. Certains déclarant simplement l’intention de créer une marnière, sans la faire. Beaucoup de déclarations étaient imprécises.

Les déclarations d’ouvertures de marnière affluèrent en Mairie et en Préfecture. Les archives se dispersèrent un peu partout.

Dans les années 1970, on commença à étendre l’urbanisation de villes à la campagne, en créant des zones pavillonnaires entières sur d’anciennes zones agricoles en périphérie des villes, oubliant complètement l’existence des marnières.

En 1995 avec l’érosion, nos cavités et marnières se rappelèrent à notre bon souvenir, en s’effondrant du fait de l’érosion, un peu partout en Normandie.

Le réveil fut brutal.

En réaction, l’Etat :
– obligea par une loi du 30 Juillet 2003, les Mairies à recenser les indices de marnières et à mener des études
– étendit le régime des catastrophes naturelles aux marnières par une loi du 27 février 2002 et leur prise en charge au titre de votre contrat d’assurance Multi Risques Habitations

Autant dire que ces mesures ont été insuffisantes et pas à la hauteur des enjeux pour les particuliers dont la maison qui constitue le patrimoine principal de bon nombre de ménages en France était affectée par une ou des marnières

Il fut trouvé pendant cette période une marnière avec une galerie de 60 mètres de long ce qui poussa l’Etat à créer en cas de marnière un indice de présomption de marnière de 60M en application du principe de précaution.

Les différents types de cavités souterraines :

Les vides karstiques
Un vide karstique est une structure naturelle géomorphologique résultant de l’érosion hydrochimique et hydraulique de toutes roches solubles, principalement de roches calcaires.

Une bétoire est une zone naturelle de communication entre la surface et le réseau karstique sous-jacent et se concrétise par un entonnoir naturel.
Le terme de bétoire est une appellation régionale Normande pour désigner diverses structures de l’exokarst, c’est-à-dire les structures visibles en surface des réseaux karstiques (conduits résultant de processus d’altération physico-chimique de la roche carbonatée qu’est la craie). Prenant la forme de dolines de toutes tailles, ce sont des points d’infiltration préférentielle des eaux de surface vers la nappe phréatique.


Le puisard
Un puisard est un système de drainage. Par extension, il désigne en géographie une dépression qui recueille les eaux.
Un puisard est une sorte de puits dont la fonction n’est pas de permettre de tirer de l’eau, mais au contraire de conduire l’eau du terrain dans une couche du sol plus perméable. C’est pour cette raison que sa profondeur (de même que son diamètre) dépend de la nature du sol, de la pluviométrie, etc.


Une marnière
Une marnière est une cavité anthropique creusée pour extraire de la craie.
Ces extractions de craie étaient destinées essentiellement à l’amendement des terres agricoles. Le mot marne est le terme utilisé pour désigner la craie tendre adaptée à cet usage en Normandie.
Il existe deux modes d’exploitation : le mode à ciel ouvert et le mode souterrain. Les exploitations souterraines accessibles par puits sont de loin les plus représentées en Normandie puisque les extractions devaient se situer à proximité des surfaces agricoles disposées sur les plateaux où la craie est en moyenne à 25 mètres de profondeur.
Généralement, on trouve les exploitations entre 20 et 30 mètres sous la surface du terrain naturel sous un recouvrement de craie de 5 à 15 mètres. La hauteur des galeries correspond généralement à la hauteur exploitable par un ouvrier muni d’un pic, c’est-à-dire entre 2 et 3 mètres. La taille et la forme des exploitations souterraines sont très variables.
En Seine-Maritime, le volume de vide est en moyenne 250 m3.
Les marnières à piliers tournés sont le mode d’exploitation le plus courant. Ces marnières peuvent avoir plusieurs niveaux d’exploitation et plusieurs réseaux de galeries. Leur volume est souvent important.
Les marnières bi-salles sont sûrement les exploitations les plus anciennes, principalement situées dans le Vexin. Elles se composent de deux salles circulaires de part et d’autre du puits et sont reliées entre elles et au puits par deux petites galeries appelées oscillards.
Les marnières en forme de langue sont caractérisées par une grande galerie d’environ 20 à 30 m de longueur à la base du puits d’accès. Cette grande galerie s’élargit par la suite et peut être accompagnée de petits diverticules de part et d’autre.
Les catiches : correspondent à un mode d’exploitation de la craie introduit en Normandie par les agriculteurs du Nord de la France. Un puits d’environ 1 mètre de diamètre est creusé jusqu’à atteindre la craie. Une fois la craie atteinte, l’ouvrier ou le marneron élargissait progressivement le périmètre (jusqu’à 15 à 25m). Une fois la surface voulue obtenue, l’exploitation se poursuivait vers le bas. Ce mode d’exploitation donne à la cavité une forme de bouteille. L’exploitation terminée, elles étaient fermées à la base du col par une voûte de morceaux de craie non cimentés et le col de la bouteille était rebouché. La catiche est l’une des cavités les plus dangereuses. Ce type d’exploitation est caractéristique de la région lilloise et était rarement utilisé en Haute-Normandie

COMMENT NAIT UNE MARNIERE ?

Une marnière a nécessairement été créée par la main de l’homme.

En général les agriculteurs qui créaient des marnières ne le faisaient pas à proximité de leur lieu d’habitation ou à proximité des bâtiments du corps de ferme.

Quand ils le faisaient ils prenaient le soin de planter un arbre ou un arbuste à côté du point d’ouverture de la galerie pour se souvenir de son emplacement, les anciens se transmettant oralement le point d’entrée de ces galeries.

De nombreux éléments observables en surface peuvent laisser supposer la présence de cavité en profondeur.

Des arbres, des bosquets ou des pieux pouvaient être plantés pour signaler la présence d’un puits de marnière en plein milieu d’un champ.

L’étude des photographies aériennes permet de repérer différents indices : dépressions topographiques, contrastes d’humidité, affaissements du sol. Ces photographies réparties dans le temps sont à étudier avec une carte topographique (carte IGN).

Toute cavité souterraine a une évolution dans le temps.

Des phénomènes naturels, comme les circulations d’air entraînent des variations de la teneur en eau dans la roche et des modifications de la résistance mécanique. Les circulations d’eau provoquent des dissolutions fragilisant les piliers et le toit de la marnière pouvant conduire à leur rupture.

Les actions de l’Homme ne sont pas neutres et favorisent les effondrements : utilisation des marnières comme puisard, fuite des réseaux collectifs d’assainissement, assainissement individuel par infiltration de l’eau dans le sol… Les fuites d’eau et l’infiltration de l’eau traitée sont les premières causes de dissolution excessive des piliers et du toit d’une marnière. De plus, des karsts peuvent être créés par ces facteurs.

Les signes avant coureur sont visibles dans les maisons au niveau des plinthes qui se décollent du mur, des huisseries, des fenêtres qui ont du mal à se fermer et au niveau de la dalle des fondations de la maison qui se fissure.

Un signe visible c’est un début d’affaissement de terrain du type si dessous.

Il existe deux types d’effondrements : les effondrements localisés et les effondrements généralisés

Les effondrements localisés peuvent être causés par l’effondrement du puits d’accès de la marnière ou par la « vidange » d’une veine d’argile qui communique avec l’intérieur de la cavité. Ces effondrements provoquent généralement des affaissements de faible superficie en surface mais peuvent parfois conduire à des affaissements importants par montée de fontis. Ces effondrements sont très dangereux car ils se produisent sur une grande hauteur correspondant à la profondeur de la marnière.

Les effondrements généralisés peuvent être causés par la rupture d’un ou de plusieurs piliers ou par la rupture du toit de la cavité. La destruction de la marnière peut alors être soit partielle soit totale. Cela se traduit en surface par un affaissement de superficie importante. Par contre la profondeur de l’effondrement est moindre que pour un effondrement localisé car elle correspond à peu près à la hauteur des galeries

Naissance Juridique d’un indice de Cavité Souterraine

La loi du 30 juillet 2003 relative à la prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des dommages prévoit que chaque commune élabore, en tant que de besoin, des cartes délimitant les sites où sont situés des cavités souterraines et des marnières susceptibles de provoquer l’effondrement du sol

CF article L563.6 du Code de l’Environnement.

Ces investigations ont été mises en œuvre afin de recenser le maximum d’indices liés à l’existence de cavités souterraines.

1) La méthodologie

Ces investigations consistent en une succession de différentes phases :

  1. Recherche de documents d’archives anciennes : juridiquement, l’ouverture ou l’abandon d’une carrière est soumis à déclaration depuis 1853. La consultation des archives communales et départementales permet de retrouver des documents tels que des déclarations d’ouverture de carrière (avec ou sans plan), des procès-verbaux de visite, des déclarations d’abandon, etc.
  2. Recherche de documents d’archives récentes : ce sont les documents collectés auprès des administrations (commune, DDTM, préfecture), bureaux d’études privés ou publics (CETE, BRGM, etc.).
  3. Etude des photographies aériennes : l’examen comparatif de plusieurs campagnes de photographies aériennes permet de repérer des dépressions topographiques, arbres isolés, zones remblayées pouvant témoigner de la présence de cavités souterraines.
  4. Enquête orale : de nombreux effondrements sont connus par les exploitants agricoles ou les « Anciens » de la commune. Ces informations sont précieuses pour retrouver des marnières non déclarées ou encore les puits d’accès de carrières déclarées mais dont le plan n’a pas été retrouvé.
  5. Visite de terrain : elle permet de confirmer ou infirmer les informations retrouvées lors des investigations précédentes. Elle permet également un contact entre le chargé d’études et les riverains afin d’obtenir des informations complémentaires sur certains indices et/ou répertorier d’autres indices.

2) Le Plan des Indices de Cavités Souterraines (PICS)

Ce plan permet de localiser les indices avec précision sur un plan de la commune (généralement au 1/5000ème) et est utilisé par les services qui instruisent les demandes d’autorisation d’urbanisme. Ce plan peut parfois mentionner également les périmètres de risques préconisés par les services de l’Etat (actuellement seuls les PLU, Cartes Communales et POS récents mentionnent les périmètres de risque).

Si votre maison est située sur un indice il est nécessairement répertorié par le document ci-dessus et reporté sur un plan d’indice de cavités souterraines comme ci-dessous.

QUE FAIRE EN CAS d’EFFONDREMENT ?

En cas d’effondrement soudain d’une marnière le maire doit prendre toutes les mesures nécessaires à la protection des personnes, des biens et de l’environnement (loi n°87-565 du 22 juillet 1987 relative à l’organisation de la sécurité civile, à la protection de la forêt contre l’incendie et à la prévention des risques majeurs.

Ces mesures de sûreté exigées sont prises au moyen d’un arrêté municipal (article L2212-4 du Code général des collectivités territoriales).

Il peut prescrire des travaux, interdire l’accès aux propriétés menacées ou ordonner l’évacuation des immeubles sinistrés en prenant un arrêté de péril.

En cas d’effondrement en dessous de votre maison vous n’aurez pas d’autre solution que de partir.

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